Lynchage Karabatic : casser du Gaulois, sous Normal 1er, c’est tendance…

J’avoue avoir apprécié l’article de Francis Régnier, car je commençais à être lassé par le véritable lynchage que subissait Nikola Karabatic et ses camarades de Montpellier.

http://ripostelaique.com/letrange-lynchage-mediatico-judiciaire-contre-karabatic-et-le-handball-francais.html

Si j’ai bien lu ce qu’il s’est passé, nous avons affaire à un match de fin de saison, avec deux enjeux totalement différents pour deux équipes, Montpellier et Cesson. C’est une grande classique, quand une équipe est assurée d’être championne, et l’autre joue sa survie pour ne pas descendre, neuf fois sur dix, l’équipe la plus mal classée l’emporte, surtout quand elle opère sur son terrain. En toute logique, dans le cas de cette rencontre, à quelques semaines des Jeux Olympiques, il était encore plus logique que l’entraîneur, sans doute en accord avec le sélectionneur national Claude Onesta, ait choisi de mettre au repos ses joueurs les plus exposés, dont Nikola Karabatic, craignant une blessure stupide.

Il était donc logique que Montpellier perde ce match. Ensuite, les copines des joueurs qui ne jouent parient des sommes (à hauteur de 80 000 euros) qui ramènent, tout compris, 220 000 euros. Si le joueur vedette de l’équipe de France doit être déclaré coupable, c’est si, profitant de son influence sur le groupe, il a réuni tout le vestiaire, et demandé délibérément aux joueurs présents de perdre ce match. Dans ce cas, il est clair qu’il a monté l’escroquerie, et fait bénéficier l’ensemble du vestiaire des retombées financières. En admettant que cela soit le cas, il devrait être condamné, même si, en divisant les sommes gagnées par le nombre de joueurs d’une équipe, on doit considérer que le butin est fort mince. Je partage également la vision de Francis Régnier quant à l’attitude du procureur, qui, manifestement, veut se faire un nom en se « farcissant » une star mondialement connue, ce qui représente moins de risques que de s’exposer contre les racailles qui pourrissent certains quartiers de Montpellier. De même, l’avidité des « charognards » de la presse écrite contre l’idole de tout un pays est des plus suspects, quand on se souvient de la campagne ignoble du journal « L’Equipe » contre « Les Experts », et leur entraîneur, des mois durant. Curieusement, les journalistes bobo, qui parlent fréquemment de présomption d’innocence dès qu’une racaille ou un socialiste sont pris la main dans le pot à confitures, font preuve de beaucoup moins de précaution avec la vedette de l’équipe de France de handball, qui a rendu fier de notre pays des millions de supporters français, depuis des années.

A tous ceux qui veulent donner des leçons d’éthique sportive à tout le monde du handball, et principalement à Montpellier, je voudrais raconter quelques épisodes de la vraie vie, en sport ou dans la vie quotidienne, qui n’ont pas faire la « Une » de tous les journaux, et pourtant qui portent sur des sommes autrement plus importantes que les 220 000 euros qu’aurait rapporté les paris du fameux match de Cesson.

Se souviennent-ils des matches achetés par Bernard Tapie, à l’époque où celui-ci était président de Marseille, et où il donnait des enveloppes à certains joueurs d’en face, pour « lever le pied » selon son expression, comprenez ne pas jouer le match à fond ? Seul un joueur a osé dénoncer ce système, il s’appelle Jacques Glassman, et a été banni du milieu du football. Qui peut croire sincèrement que Tapie n’a cherché à acheter que Glassman et deux autres joueurs valenciennois, Robert et Burruchaga, à l’époque où, durant des années, Marseille dominait le football français ? Qui peut nous faire croire que le sélectionneur actuel de l’équipe de France, Didier Deschamps, qui, à l’époque jouait à Marseille, et tous les internationaux de l’équipe, aujourd’hui majoritairement consultants, pouvaient ignorer ces manœuvres de coulisses ? Imagine-t-on l’effet qu’aurait produit l’arrestation, à la sortie des vestiaires d’un match important, de dix-sept joueurs, dont certains de réputation internationale ? C’est exactement ce qu’on a imposé à Karabatic et à certains de ses partenaires, ce week-end.

Bernard Tapie, à l’époque où il dirigeait « La Vie Claire », équipe cycliste avec deux vedettes, Bernard Hinaut et Greg Lemond, se vantait de décider, quand ses deux champions étaient en tête, lequel des deux devait gagner l’équipe, pour des questions d’image et de bonnes retombées de l’événement sportif. Jamais aucun journaliste, ni personne d’autre, ne lui a reproché de truquer la course, ni de s’asseoir sur l’esprit sportif.

Les dirigeants de Canal Plus, qui à l’époque possédaient le Paris Saint-Germain, ont organisé, à grande échelle, une escroquerie aux cotisations sociales, en minorant volontairement les salaires, et en multipliant des dessous de tables illicites. L’Etat a été volée de bien plus de 200 000 euros, salaire de quinze jours de travail des milliardaires du Parc des Princes. Pourtant, ni le pédant Michel Denizot, ni l’homme de gôche Denis Olivennes, membre du conseil de surveillance, ne seront jamais inquiétés.

Puisqu’on en est à Canal Plus, sait-on que toujours Denis Olivennes, auteur entre autres de la loi Hadopi contre le téléchargement gratuit, et ancien directeur du Nouvel Observateur, et une dizaine de hauts cadres de cette télévision, se sont bétonnés des contrats en or, touchant, au bout de cinq années de présence, pour leur départ, la valeur de deux années de travail, nets d’impôts, estimé, dans son cas, à 3,2 millions d’indemnités (lire  “Ils ont acheté la presse“, de Benjamin Dormann). Cela n’empêche pas nombre de ces belles âmes, dans les dîners en ville, de s’indigner, la bouche en cul de poule, que l’argent ait fait perdre la tête à ce pauvre Karabatic !

Puisqu’on parle des journalistes, qui peut prétendre que ces derniers, quand ils parlent d’économie, et de placements boursiers, ne sont pas possesseurs eux-mêmes, sous leur nom ou sous des prête-noms, d’actions boursières, et qu’il y a donc véritablement conflit d’intérêt, entre les conseils qu’ils donnent à leurs lecteurs, et leur propre situation ?Exactement comme un Karabatic accusé de faire parier sa copine sur un match qu’il n’a pas joué. On imagine difficilement les policiers déployer contre ces journalistes les moyens mis en œuvre contre la vedette montpelliéraine.

Mais revenons au sport, et parlons de la vraie vie. Qui peut croire, à tous les niveaux, amateurs et professionnels, que lors des derniers matches d’une saison, il n’y a pas d’arrangements ? Qui a oublié ce match de coupe du monde Allemagne-Autriche, où il suffisait d’une victoire des premiers un à zéro pour que les deux équipes se qualifient, au détriment de l’Algérie. Que croyez-vous qu’il arrivât ? L’Allemagne battit l’Autriche un à zero ! Si deux équipes bretonnes se rencontrent, lors d’un dernier match, et que l’une d’entre elles est menacée de descente, et que l’autre n’a plus rien à perdre, que croyez-vous qu’il se passera 99 fois sur 100 : l’équipe menacée gagnera ! Et cela sera pareil en région parisienne, à Marseille ou à Strasbourg, les solidarités régionales prendront le dessus sur la réalité du sport. Je peux vous raconter une histoire vécue, où il n’y avait aucun enjeu d’argent, mais où une équipe de racailles pourrissait la vie de toutes les autres équipes. Les capitaines se sont appelés, et ont créé les conditions pour que les racailles descendent, histoire de ne plus avoir à se les farcir l’année suivante !

Faut-il parler de la pétanque, sport avec une fédération nationale et internationale. Que croyez-vous qu’il se passe, dans un concours, quand l’équipe la plus forte d’un club est opposé à une autre équipe de ce club ? Tout simplement l’équipe la plus faible ne joue pas la partie, et laisse passer l’équipe la plus forte, qui, pour la récompenser, partagera ses gains avec elle. Qui n’a jamais vu, lorsqu’il ne reste que les huit meilleures équipes, celles-ci se réunir, et décider de partager les gains, quitte à balancer la demi-finale ou la finale ?

Donc, si je lis bien les journaux, je comprends  que la pureté du sport a été entachée à jamais par le méchant Karabatic. N’en déplaise au procureur de Montpellier, et aux charognards de la presse sportive, « L’Equipe » en tête, les Français se souviendront longtemps encore de cette formidable équipe de France de handball, et de sa vedette, Nikola Karabatic, gagnant matches sur matches avec leur cœur et avec leurs tripes, et chantant à tue-tête La Marseillaise. Ils ne seront pas dupes de ce lynchage, totalement disproportionné avec une éventuelle faute pas encore démontrée, mais déjà sanctionnée médiatiquement. Comme ils n’ont pas été davantage dupes du lynchage, à quelques kilomètres de là, à Aigues-Mortes, de William et de Monique.

En attendant, le procureur a décidé de laisser Karabatic en liberté… mais de lui interdire de voir ses partenaires, et donc de jouer au handball ! Faut-il rappeler que jamais Ribery et Benzema n’ont eu la moindre sanction sportive, jusqu’à ce jour, suite à leurs frasques extra-sportives avec une mineure… et pas davantage suite à leur attitude méprisante avec l’hymne national.

Casser du gaulois, sous le régime de Normal 1er, cela ne comporte aucun risque, et c’est tellement tendance…

Paul Le Poulpe