Cinéma : je viens de découvrir un grand réalisateur, Jean-Marc Morandini !

Aujourd’hui c’est cinéma, je sais normalement, c’est le Mercredi les jours de sortie. Vous allez voir c’est très sérieux, je pense avoir découvert, sur les conseils avisés d’une amie, le réalisateur de l’année, à mon avis son œuvre devrait être sélectionnée pour la Berlinale 2022. Cannes et Venise sont trop frivoles, Berlin c’est la rigueur germanique c’est ce qu’il y a de mieux et ce sera tout à fait en adéquation.

Avant d’aborder le sujet qui est difficile je vous préviens, nous allons faire dans le guilleret.

La traditionnelle « Minute d’Irma », on est en manque d’inspiration, hop elle est là, c’est une magicienne du verbe !

Hier, une fois de plus elle a ciblé Raoult, c’est son passe-temps favori. Ce dernier est intervenu sur Sud-Radio, elle n’a pu s’empêcher de donner son avis de spécialiste de la spécialité en tout et même le reste.

C’est là où tu vois qu’elle est au dessus du lot, alors que ceux qui ont cru sortir le scandale du siècle avec la tuberculose se sont carapatés après avoir été ridiculisés, Goebbelsinette persévère dans la jobardise. Rien ne l’arrête, elle est imperturbable !

Je vais proposer que l’on fasse une cagnotte pour la statufier de son vivant. A Cambrai elle incarnerait bien la Bêtise !

Toujours parmi les comiques, il y a en a un qui vient de se signaler, c’est Sarko. Pendant un an, il est représentant en bracelet pour les joailliers de la Place Vendôme. Il prend son travail de commis voyageur au sérieux, au cours d’une conférence financée par le gouvernement communiste chinois, il a remis à sa place Zemmour, lui donnant une leçon de gaullisme, en ce moment, c’est très à la mode. Sarko on peut juste lui objecter, sans aller très loin, qu’il fit un acte de haute trahison pas très gaullien en bradant une partie du stock d’or de la France aux Usa. Ceci dit sa remarque est d’une grande justesse, il sait de quoi il parle c’est incontestable…

Venons-en au sujet principal, il va falloir vous accrocher. Je viens de découvrir un grand réalisateur, Jean Marc Morandini !

Compte tenu du sujet abordé, le Parc de la Villette, il aurait pu nous infliger un film d’aventures exotiques avec cascades, rebondissements et gonzesses affriolantes. Non il a choisi la difficulté en revenant au classicisme, unité de temps, de lieu et d’action, bon cette dernière est plutôt verbale. Il n’ y a pas d’artifices, c’est le dénuement au service de l’histoire brute. Cet ascétisme est presque melvilien, j’ai bien dit presque…

https://www.dailymotion.com/video/x85cs3z

https://www.cnews.fr/emission/2021-11-08/morandini-live-du-08112021-1146968

Ses origines italiennes l’ont-elles poussé à chercher à s’inspirer du courant néo-réaliste, c’est possible, mais loin d’être certain, car on peut aussi qualifier l’œuvre de pure anticipation. En fait toute la dramaturgie tient dans en cette dualité, tout paraît vrai mais est faux ou le contraire, jusqu’à la fin nous n’avons de réponse claire, c’est l’ambiguïté permanente !

Le monde qu’il décrit est celui rêvé en particulier par le grand penseur insoumis Tonneau des Danaïdes,« il faut basaner les rues. Chanter Nique la France, appeler ses enfants Mouloud, Rachid, Mohammed et Nedjma ». C’est la société occidentale française qui a dépassé le stade de la post modernité pour s’inscrire dans un avenir en construction ou déjà construit. C’est la post décadence qui a dépassé les limites de l’ultime. C’est une civilisation qui post-morten croit exister encore.

Est-ce une réalité locale qui préfigure le futur global, ou bien est-ce le présent en phase terminale ? Tout semble irréel mais est portant vrai, à moins que ne soit le contraire. Les codes, les frontières sont flous, nous sommes dans un outre-monde. Morandini explore le cinéma d’un genre nouveau, il le révolutionne, c’est l’univers de Mad Max revisité par Bergmann.

Le décor est planté, le Parc de la Villette à Paris, les protagonistes sont les rastaquouères clandos camés qui occupent les lieux, les riverains qui vivent cette situation et en arrière-plan les représentants des autorités.

L’histoire parait simple et pourtant ne le sera pas. C’est un antagonisme entre deux civilisations, l’une qui s’auto-détruit avec conviction et attend son remplacement et l’autre qui s’est déjà auto-détruite mais qui est avide d’évincer la première.

Le film en lui-même, c’est le génie de l’auteur, est totalement dénué d’un éclair de beauté ou de chaleur humaine, l’enfer de Dante est gargantuesque, la déchéance romaine a des côtés flamboyants, même dans le cinéma italien hyper réaliste il y a une part de joyeuseté baroque, dans les cloaques la crasse est classe, ici tout est laid et minable à commencer par les acteurs qui sont d’une nullité qui dépasse les limites de notre imagination.

D’emblée, la première image qui est le fil rouge invisible de l’œuvre est la présence physique forte des policiers qui met paradoxalement en exergue leur totale absence, c’est une allégorie de leur impuissance et inutilité. On les voit mais ce sont des spectres figés dans leur espace temps.

Ensuite nous avons deux figures emblématiques de la société blanche dégénérée qui disparaît sous nos yeux dans une déchéance infinie. Une femme censée représentée un collectif de défense des riverains et j’y reviendrai, son alter égo masculin. La dualité est encore présente, elle fait bourgeoise stylée, s’exprime convenablement, or en fait c’est une imposture, une façade trompeuse. On s’en rend compte quand un plan large, dont il faut souligner l’importance tout au long du film, dévoile ses chaussures qui sont d’immondes baskets pour métèques achetées chez un soldeur. Cette simple image restitue dans sa réalité le narratif de la donzelle qui n’est rien d’autre qu’une militante de la mairie socialiste d’Hidalgogol. Toujours la dualité, elle ne combat pas les clandos, au contraire elle les défend, veut créer des liens, les humaniser. Comme je l’ai évoqué, un peu plus tard intervient dans le même registre son pendant masculin, si l’on peut dire, c’est plutôt l’homme déconstruit à la Sandy, avec sa tête de dépressif chronique il annone une réplique importante qui résume la philosophie du film «  ils sont plus à plaindre que nous », en fait, tout sonne faux dans ces humanisme et misérabilisme de pacotille, car ils ne provoquent aucune émotion, ils sont d’une froideur cadavérique. C’est le monde qui s’en va qui souhaite la bienvenue à celui qui arrive, mais tous sont morts.

Entre-temps, totalement représentatif de ce monde surréaliste un être indéterminable est apparu. Il s’agit d’un espèce d’histrion abstrait qui prétend combattre les importuns avec sa milice composée ridiculement de trois personnes… Morandini qui joue son propre rôle, le remet vertement en place en le menaçant des foudres de la loi alors que tout se passe dans une zone tribale de non droit total, du moins d’un autre droit, celui des valeurs inversées. Plus tard cet avatar reviendra porteur d’un masque pour métaphoriquement montrer la vacuité de son action. A chaque instant, la charge symbolique est énorme, il ne se passe rien mais tout est dans ce rien et les plans larges et lointains le mettent encore plus en valeur, félicitons à ce sujet le cadreur ou la cadreuse et la virtuosité de la non mise en scène.

A ce stade il faut parler des véritables héros du film, les clandos, les représentants de la société nouvelle. Formellement ils prennent toute la place alors qu’ils s’expriment moins que les autres. On ne sait plus si nous sommes en présence d’humains ou d’hybrides, comme cette prostituée qu’il est impossible de définir comme une femme ou un homme. Tout n’est que confusion, ils veulent en finir avec la drogue mais avoir des salles de shoot, ils sont contre les immigrés alors qu’ils le sont eux-mêmes, point sur lequel ils sont tous d’accord ce sont des aides sociales. Sous-jacente on sent la présence menaçante de l’islam avec un porteur de chapelet gesticulant en arrière-plan.

De ce chaos rien n’émerge, surtout pas les représentants des autorités. Le plus bel exemple de cette déchéance morale, mentale, sociétale, étant le syndicaliste policier qui apparaît plus pouilleux que les nouveaux venus. Celui qui est censé incarner l’ordre et l’autorité montre ainsi que ces notions ne sont plus que des fumées évanescentes.

Enfin, arrivent pour le final les élus, les décideurs qui viennent étaler leur complète incompétence et inefficacité. La référence à la Tour de Babel est explicite. Ils parlent tous, mais personne n’y comprend rien, ce n’est que verbiage inaudible. Le raccourci scénaristique n’est pas innocent quand il met en présence deux représentants issus de la diversité, une asiate et un Ben Couscous, tous deux s’exprimant dans un sabir présumé être le néo-français.

La conclusion du film est qu’outre être en présence d’un monde de tarés congénitaux, « Il faut les soigner ! ».

Bien entendu il faut comprendre ce message dans un sens parabolique, biblique. Le film en reste là, il n’apporte pas de réponse quant au traitement à apporter, à chacun d’entre-nous à l’imaginer.

On peut penser ou espérer que ce fatras qui n’est qu’un terreau infertile sera volatilisé dans un cataclysme apocalyptique provoqué soit par la nature, soit par l’homme, soit par Dieu et qu’alors soit une renaissance viendra ou ce sera le néant glacial perpétuel…

Si je puis me permettre, je préconise cette bande sonore pour le film

 

Paul Le Poulpe