Ce jeudi, à 20 heures 45, Envoyé Spécial ouvrait son émission sur un reportage effectué à Hayange par Mathilde Pasinetti et Anouk Burel. Nous connaissions un peu la deuxième, qui avait effectué un reportage particulièrement malveillant sur Myriam Picard et Anne Zelensky, il y a deux ans. La journaliste les faisait passer pour des paranoïaques, qui inventaient un péril islamique qui n’existait que dans leur imagination. Cela lui avait valu ces deux mises au point particulièrement cinglantes de deux femmes qui n’ont pas l’habitude de se laisser marcher sur les pieds sans réagir.
Cette fois, cette “journaliste” sévissait à Hayange, ville qui a voté Hollande à 57 %, mais vient d’élire à sa tête un maire Front national, Fabien Engelmann. Comment résumer la malhonnêteté d’un tel reportage, effectué sous la direction de Mathilde Pasinetti ? D’abord par le choix des personnes à qui on donne la parole. On entendra seulement Marie Da Silva, numéro deux de la liste, à deux reprises, moins d’une minute, expliquer que, trahie par Hollande et le PS, elle était aujourd’hui fière de voter Front national. Sinon, l’essentiel du reportage envoyait ce message : certes, les socialistes ont trahi, mais les électeurs qui votent FN savent que cela ne servira à rien, ce n’est pas un vote d’adhésion, ils en ont honte, et le font sur de fausses informations.
Choix rédactionnel significatif, on ne donnera jamais la parole au nouveau maire, Fabien Engelmann. On verra, le soir des résultats, la haine des perdants, mais on évitera soigneusement de montrer les insultes les plus grossières, entendues ce soir là, ni l’attitude de certaines racailles, et encore moins, bien sûr, le sang-froid des équipiers de l’équipe de Fabien Engelmann, qui surent éviter toutes les provocations.
La grossière manipulation autour d’une jeune femme de 30 ans, au chômage depuis neuf mois, qui avouait avoir voté FN au premier tour, est exemplaire des méthodes de ces manipulateurs de l’opinion. On fait dire à cette électrice qu’elle est excédée de ne pas bénéficier d’aides sociales, quand les Kosovars ont des bons de la mairie pour se nourrir et qu’on leur paie leur loyer.
Ni une ni deux, nos vaillants Rouletabille filent donc à un hôtel, et nous font découvrir une famille… d’Arméniens. Première énorme manipulation, on montre une famille chrétienne, alors que la majorité des réfugiés sont bien kosovars et musulmans, et absolument pas des Arméniens très peu nombreux.
Deuxième manipulation, on fait dire à la femme réfugiée, mère de deux enfants, qu’elle ne touche pas d’aide de la mairie… mais du conseil général et d’autres organismes sociaux. On ne se pose absolument pas la question du coût social de cette immigration, en période de chômage de masse, ni du fait que rien ne justifie que des Kosovars – soigneusement dissimulés pendant le reportage – réclament le statut de refugié politique, dans le contexte actuel. Le seul message que les journalistes cherchent à faire passer est de nous faire pleurer sur la grande détresse des réfugiés (à qui on paie l’hôtel), et de montrer à la Française qui se plaint (à qui on ne paie pas son loyer) qu’elle se trompe de colère, et qu’il faut être solidaire de tous les immigrés.
Sommet de la manipulation journalistique, on conclura le reportage en montrant cette électrice du FN cloîtrée et honteuse, lors du deuxième tour, et on laissera entendre qu’elle se prétend malade pour ne pas avoir à justifier son éventuel vote. Quel mépris à son encontre !
Sinon, on verra un commerçant ruiné, qui ferme sa boutique, un couple des classes moyennes de gauche qui, lucide sur la situation sociale et la trahison des socialistes, ironisera quand même sur la prétendue insécurité à Hayange, niant une réalité qui les dérange. Il nous fera le coup de la peur de la politique sécuritaire du futur maire.
On découvrira une vieille ouvrière communiste qui, lucide, reconnaîtra ne pas avoir voté PS, mais en même temps insultera les électeurs, en affirmant qu’Hayange n’est plus sa ville, et qu’elle en a honte.
Mais c’est sur le plateau que, comme il y a deux ans sur le reportage consacré à Myriam Picard et à Anne Zelensky, Anouk Burel se surpassera. En conclusion, elle dira, avec ses mots, que certes, Fabien Engelmann a gagné sur un discours de gauche, en défense du monde du travail, mais que, dès qu’il a été élu, le masque est tombé, et qu’il a repris le discours dur de l’extrême droite classique. Et les quatre exemples qu’elle donne valent son pesant d’or, pour mieux illustrer l’ampleur de la désinformation et de la manipulation qui s’opère en une minute à peine.
Première preuve, Fabien Engelmann a osé parler de renforcer la sécurité. Horreur ! Oser dire qu’il veut mettre fin à la mendicité agressive et à la terreur qu’exercent des drogués alcooliques à chiens contre des personnes âgées, quand elles font leurs commissions, c’est vrai que cela sent le discours dur de l’extrême droite à plein nez ! Démasqué, Fabien !
Deuxième crime du nouveau maire, selon l’ineffable journaliste, il a osé dire à ses supporteurs, dès qu’il a été certain de gagner : ce soir, on fête cela à l’apéro saucisson pinard. Un symbole de ralliement de l’extrême droite, glapit-elle ! C’est sûr que vouloir boire un bon coup de rouge avec de la charcutaille, dans une ville de France, c’est bien la preuve qu’on a affaire à la ligne dure de l’extrême droite, et donc à des vrais fachos ! Démasqué Fabien !
Troisième dérapage, il a osé parler de réveil des Gaulois. De la part d’un maire d’une commune de France, il est vrai que cela mériterait peut-être les tribunaux ! Démasqué, Fabien !
Quatrième délit du nouveau maire, démasquée par notre journaleuse d’Envoyé Spécial, il a osé affirmer qu’il y avait trop de boucheries halal dans Hayange. Seul problème, que n’a pas dû remarquer cette grande professionnelle, il n’y a plus, à Hayange, en centre ville, de boucheries traditionnelles. Par contre, on dénombre deux boucheries halal et sept commerces halal, snack, pizzas, restaurants… Ceux qui osent déplorer cela sont donc forcément, selon le logiciel Burel, des adeptes de la ligne dure de l’extrême droite, donc surement des racistes. Démasqué, Fabien !
Bravo à cette vaillante journaliste qui, en quelques phrases, a montré, en quatre exemples imparables, en fin d’émission, sur un plateau de télévision publique, qui était vraiment Fabien Engelmann, et nous a donné les preuves imparables que l’ordre noir allait s’installer à Hayange.
Comme le prédisait Myriam Picard il y a deux ans, elle mérite vraiment de présenter le 20 heures au plus vite.
Paul Le Poulpe