Chevènement : patriote, ou simple rabatteur socialiste ?

J’avais été surpris, dans un édito de Cyrano appelant à l’Union des Patriotes, que Jean-Pierre Chevènement n’ait pas été cité, pour tenir compagnie à André Gerin, Jacques Myard, Paul-Marie Coûteaux, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen, qui, par la diversité de leurs personnalités, incarnaient, selon notre éditorialiste, cette union qu’il appelait de ses vœux, sans doute un oubli ?

Le président du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) vient donc d’annoncer sa candidature pour 2012. Il affirme que le pays a besoin d’une candidature patriote, et qu’il faut faire bouger les lignes.

Nous aimons bien Jean-Pierre Chevènement, mais nous prendrait-il pour des imbéciles ? Il a déjà fait le même coup en 2007, pour se rallier piteusement à Ségolène Royal, qui avait fait semblant de mettre un zeste de république dans son discours de socialiste européiste, mondialiste et libérale, le contraire de ce que prétend être l’ancien ministre de l’Intérieur de Lionel Jospin. Les socialistes, depuis 2002 passent leur temps à l’humilier, ne lui accordant que quelques miettes permettant au MRC de ne pas mettre la clé sous la porte. Rien à voir avec les largesses accordées aux Verts ou au Parti communiste. Il est vrai qu’il y a bientôt 10 ans, Jospin et les siens s’étaient livrés à un véritable lynchage contre Chevènement, jugé coupable de la catastrophe du 21 avril 2002. Mélenchon n’avait pas été le dernier, dans l’injure contre un homme respectable, qui avait eu, lui, le courage, en 1993, de quitter le Parti socialiste, ce que ne se décidera à faire Méluche que 15 ans plus tard.

Depuis cette date, Chevènement donne l’impression de faire son acte de contrition, vis-à-vis de la gauche. Perdant toute dignité, il a même été  capable d’accepter de faire des listes communes aux européennes avec les socialistes. Lors des accords de 2007, il sera humilié, n’ayant finalement, pour prix de son ralliement peu glorieux au PS, qu’un seul député. 

Si Jean-Pierre Chevènement veut réellement défendre une candidature patriote, comme il l’affirme, il doit être clair sur la sortie de l’euro, de l’Union européenne, le retour de la souveraineté de notre pays, sa capacité à contrôler les flux migratoires, et de mettre fin à la régularisation des clandestins. Or, le moins qu’on puisse dire est que le bilan du ministre de l’Intérieur de Lionel Jospin, sur ces questions, n’est pas à la hauteur de ses discours, tant il a suivi les diktats des socialistes, malgré ses courageuses démissions.

Le président du MRC a un nom, une envergure d’homme d’Etat, et une parfaite connaissance des dossiers internationaux. Malgré le fait qu’il soit d’une incurable candeur vis-à-vis de l’islam, il peut enrichir le camp des patriotes… à condition de rompre définitivement avec la gauche, et de se tourner vers d’autres perspectives politiques.

Un des fondateurs historiques de son mouvement, Bertrand Dutheil de la Rochère, vient de rejoindre, de manière isolée, Marine Le Pen. D’anciens chevènementistes, comme Florian Philippot, l’avaient précédé. Reconnaissons que Jean-Pierre Chevènement négociant sa place, avec Paul-Marie Coûteaux, qui fut son collaborateur, dans un front des patriotes, cela aurait autrement plus d’allure et de classe que ce qui serait, une fois de plus, un ralliement minable au Parti socialiste que cette fausse candidature laisse craindre, dans les mois qui viennent.

 Paul Le Poulpe