Droit de vote des étrangers : le scenario du “Bobo Jocelyn”, fiction ou inévitable réalité ?

A quelques jours de l’organisation des “Assises de la nationalité”, auxquelles participera Pierre Cassen, au nom de Riposte Laïque, il nous paraît intéressant, pour nos lecteurs qui n’ont pas encore acheté “La faute du bobo Jocelyn”, de découvrir ces quelques pages de la fiction écrite par Pierre Cassen et Christine Tasin. Au lendemain de la victoire de la gauche, de la régularisation de centaines de milliers de clandestins, et du droit de vote accordé aux étrangers, une étrange réunion met en présence le Président de la République, le Premier ministre et les représentants du culte musulman…

Paul Le Poulpe

Il traversa le douzième arrondissement, dont Alex Corbillard – qui avait remplacé Jean-Jules Méchandon à la tête du Groupe de Gauche  – était le maire depuis les élections de 2014 grâce aux voix des immigrés, la gauche au pouvoir ayant voté dès l’été 2012 le droit de vote des étrangers extra-communautaires aux élections locales.

Cela avait eu des conséquences énormes sur le paysage politique français et la mise en place d’accommodements raisonnables dans les zones abandonnées aux verlamans. Si Jocelyn avait su dans quelles conditions avaient eu lieu les négociations et tractations avec les organisations verlamanes pour les élections municipales de 2014, il se serait senti encore plus fautif de son vote de 2012 pour la gauche ! Tout avait commencé en janvier 2013. Le gouvernement Bory 2 était en place depuis plus de six mois, et il s’agissait, lors de cette réunion discrète, de faire le point sur les conséquences électorales des certaines décisions politiques. En effet, la régularisation des clandestins s’était avérée beaucoup plus importante que les prévisions les plus hautes ne l’avaient envisagé. Rassurés par le discours des associations anti-racistes et par la garantie que plus aucune expulsion n’aurait lieu en France, encouragés par une prime à la régularisation qui avait été proposée par le Groupe de gauche et les Vrais-Verts  et approuvée par le Mouvement socialiste, poussés par la possibilité d’accéder enfin à des postes dans la fonction publique, tous ceux qui, depuis des mois ou des années, vivaient dans la clandestinité s’étaient précipités, durant tout l’été, et dans les mois suivants, dans les préfectures. Eu égard au nombre de demandes, Marie Bory, sur proposition de Lionel von Moditt, avait décidé, durant six mois, de mobiliser l’essentiel des fonctionnaires disponibles pour faciliter les démarches des sans-papiers, et de n’en laisser que le strict minimum pour satisfaire d’autres tâches.

Les permis de conduire étaient plus longs à obtenir, mais cela ne durerait que six mois, et le gouvernement avait demandé la compréhension de tous les Français, expliquant qu’une situation exceptionnelle nécessitait des dispositions exceptionnelles.

Fin décembre 2012, le ministre de la Solidarité et du Droit des étrangers, Frédéric Poto, était en possession, grâce à son administration, d’un rapport complet sur les régularisations survenues, mais aussi sur les nouveaux arrivants qui, depuis six mois, séduits par la nouvelle politique du gouvernement français, avaient massivement afflué en France. Les chiffres annoncés par l’ancien président de Sos Racisme blanc  avaient fait blêmir Marie Bory et Francis Laslande, mais ils n’en avaient rien fait paraître. Poto avait annoncé la régularisation de 895.437 sans-papiers, et le permis de séjour accordé, depuis début septembre, à 437.632 nouveaux résidents en France, qui, tous, avaient obtenu la nationalité française, et le droit de vote pour les municipales de 2014… pour commencer.

Les nouveaux-venus étaient majoritairement répartis dans les grandes agglomérations urbaines. Au total, 300.000 nouveaux électeurs-habitants s’étaient établis en région parisienne, 100.000 dans le 93, et 50.000 dans les Hauts-de-Seine, Yvelines, Val-de-Marne et Val d’Oise. Marseille et sa périphérie avaient également accueilli 200.000 nouveaux électeurs, et Lyon 150.000. Lille, Roubaix, Toulouse et Strasbourg en avaient recueillis plus de 100.000 chacun. On notait, dans la répartition, leur présence, sur la demande des socialistes, qui militaient depuis longtemps pour la mixité sociale, dans des villes de taille plus modeste et de haut standing social. Dans les campagnes françaises, des dispositions avaient été prises pour que les petites communes rurales accueillent leur part de la « nouvelle civilisation » qui, comme le gouvernement le rappelait, allait donner l’impulsion nécessaire à notre pays pour sortir de la crise.

Frédéric Poto, très fier d’annoncer de tels chiffres, s’était dit convaincu que, durant l’année 2013, la France pourrait encore accueillir aux alentours d’un million de nouveaux arrivants, voire 1,5 million, si on maintenait le rythme des quatre derniers mois. Impressionnés, le président de la République et le Premier ministre avaient chaleureusement félicité leur ministre, et l’avaient raccompagné. Ils voulaient échanger immédiatement entre eux. Ce qui les inquiétait n’était pas la possibilité pour la France d’accueillir toutes ces nouvelles populations ; sur ce point, Marie comme Francis faisaient preuve d’un volontarisme et d’un optimisme à toute épreuve, mais ils ne pouvaient s’empêcher de réagir en anciens secrétaires du Mouvement socialiste, et donc d’envisager les conséquences électorales de cette nouvelle donnée.

Ils avaient donc voulu, dans les jours qui suivirent, avoir une discussion avec la nouvelle secrétaire du Mouvement socialiste, Joëlle Langepau, qui avait l’avantage d’être femme, ce qui rassurait les féministes, et était antillaise d’origine, ce qui comblait les militants qui reprochaient au MS de ne jamais avoir eu un secrétaire issu de la diversité.

Mais sa nomination avait suscité les protestations de groupes homosexuels socialistes, qui constataient qu’une fois encore, l’hétérosexualité était une condition pour être premier secrétaire du plus grand parti de France, et que la discrimination était une nouvelle fois avérée. On les avait calmés en nommant deux socialistes, un homme et une femme, connus pour leur homosexualité, à des postes de secrétaires adjoints. Joëlle Langepau n’était pas une grande stratège, mais elle était aimée des militants, et avait l’avantage de ne pas bouger une oreille sans avoir l’aval de Marie Bory et Francis Laslande.

Il avait donc fallu lui expliquer, ce qu’avait fait le Président, que la nouvelle situation nécessitait de passer des accords politiques avec Ahmed Messaoudi, ministre de la Solidarité et de la Défense de la cause animale, ancien président du Conseil français du culte verlaman, et avec toutes les composantes de la religion d’amour, de convivialité et de paix, expression que les ministres du culte aimaient rappeler systématiquement à leurs interlocuteurs.

Il s’agissait d’empêcher que les organisations verlamanes ne montent des listes communautaristes aux élections municipales de 2014. Joëlle Langepau avait compris la situation, et s’était rendue disponible pour une réunion, qui devait elle aussi rester secrète, entre le président de la République, le Premier ministre, la première secrétaire du Mouvement socialiste, le  ministre de la Solidarité et de la Défense de la cause animale, et le nouveau secrétaire du CFCV, Rachid Pamaran.

Cette réunion avait été programmée pour le 15 février 2013, Francis souhaitant un accord rapide. Elle s’était tenue à Matignon, Ahmed Messaoudi avait abandonné le poste du CFCV à Rachid Pamaran en personne, mais il avait conservé une influence que son ministère n’avait fait que renforcer. Bien que se détestant cordialement, les deux hommes étaient condamnés à s’entendre. Francis Laslande avait mené la réunion, et n’avait pas tourné longtemps autour du pot. Il avait expliqué qu’il savait que certains verlamans envisageaient de monter des listes communautaristes aux prochaines élections municipales de 2014, pour remporter un maximum de nouvelles villes où ils entendaient imposer la loi verlamiste. Francis Laslande leur avait prouvé que ce serait une très lourde faute politique qui risquait de causer de sérieux problèmes au gouvernement et de susciter des contestations dans la société française quant à la politique migratoire menée depuis la mise en place du nouveau gouvernement. Les verlamans avaient donc tout à perdre à pratiquer de la sorte.

Habilement, Rachid Pamaran fit savoir qu’il comprenait fort bien les inquiétudes du président de la République, et qu’il s’inscrivait totalement dans la politique d’un pays prenant en compte la particularité d’une nouvelle population. Après avoir juré ses grands dieux qu’il était favorable à une laïcité ouverte et tolérante, il avait expliqué qu’il ne pourrait pas convaincre ses camarades verlamans de ne pas présenter de listes aux municipales s’il n’avait pas la garantie, en quittant cette réunion, de pouvoir leur offrir un certain nombre de municipalités, en rapport avec la réalité de la présence verlamane en France et dans ces communes. Il avait déplié une carte de France sur la table de réunion, et annoncé qu’il attendait de la gauche que des verlamans soient tête de liste, donc futurs maires de plusieurs grandes villes significatives. Il avait cité les noms de Marseille, Lille, Roubaix, Saint- Denis et Strasbourg, dont il avait revendiqué la tête de liste pour un verlaman. Il avait expliqué, par ailleurs, que dans d’autres villes, il exigeait un quota dans les équipes où ce serait un Français d’origine qui mènerait la liste.

Joëlle Langepau était intervenue pour expliquer que les verlamans ne pouvaient revendiquer l’ensemble des postes réservés pour la diversité et que les Antillais devaient avoir, eux aussi, une grande ville dont, symboliquement, le maire serait Guadeloupéen ou Martiniquais. Irritée, Marie Bory lui avait répondu sèchement qu’on verrait cela en interne, au MS et avec les Vrais-Verts, mais que pour l’heure le débat se faisait avec les verlamans. Ahmed Messaoudi avait expliqué alors, avec beaucoup de diplomatie, que les siens souhaitaient une intégration réussie, et étaient prêts à prendre toute leur place dans la réussite de la politique de ce gouvernement. Il avait exprimé sa fierté d’avoir été sollicité comme ministre, et l’espoir que cette affectation avait suscité. Il avait donc supplié Marie et Francis de comprendre l’importance des enjeux, et, allant dans le sens de Rachid Pamaran, d’accorder à cinq verlamans les mairies demandées par celui-ci, son ami. Il avait fait savoir que, dans ces villes, le Mouvement socialiste  ne devrait pas faire obstacle à l’application de lois particulières, sur le territoire de France, qui prendraient en compte les nouveaux équilibres démographiques. Voulant détendre l’atmosphère, il les avait rassurés, en leur affirmant qu’on n’allait pas lapider les femmes en France, ni imposer la polygamie, ni couper les mains aux voleurs. Tout le monde avait éclaté de rire. Un accord destiné à rester secret avait été conclu. Outre les cinq mairies revendiquées, où seraient expérimentés des aménagements législatifs, les verlamans, sous les couleurs de la gauche, devraient obtenir aux municipales de 2014 une moyenne nationale de 25 % d’élus, adjoints compris. Ils s’étaient engagés, par contre, dans les villes qu’ils ne géreraient pas, à ne pas exiger les accommodements raisonnables qu’ils mettraient en place à Lille, Marseille, Strasbourg, Roubaix et Saint-Denis. Tout le monde s’était serré la main et congratulé.

Marie Bory, voulant que cet événement soit mémorable, avait sorti de sa réserve secrète une bouteille de sa marque de whisky préférée, et, à la cantonade, s’était exclamée : «Cela s’arrose, les amis ! » Bizarrement, Rachid Pamaran et Ahmed Messaoudi, loin de refuser la substance interdite par la bible verlamiste, avaient opiné avec enthousiasme à la proposition du Premier ministre, qui avait chargé son maître d’hôtel d’aller chercher des verres, de les remplir, et de veiller à ce qu’on ne propose pas de porc dans les amuse-gueule.

Une heure après, la réunion était terminée, la bouteille était vide, et tous, l’esprit un peu embrumé, conscients d’avoir participé à un accord historique, s’étaient mis d’accord pour la mise en musique de ce qui venait de se décider. Laslande avait expliqué à Rachid Pamaran qu’il allait devoir réclamer vingt municipalités au gouvernement, en faisant valoir que, s’ils n’étaient pas entendus, les verlamans allaient créer des listes autonomes dans toutes les villes de France. Le Mouvement socialiste protesterait contre cette demande démesurée, et expliquerait qu’il n’offrirait pas plus de trois villes, que cela serait à prendre ou à laisser. On allait faire semblant de se disputer âprement, il y aurait des ruptures de négociations, et on finirait par s’entendre sur cinq villes. Ainsi, chacun pourrait raconter à ses troupes qu’il avait bien négocié, dans des conditions difficiles. Bory avait chargé Joëlle Langepau de réunir l’ensemble des forces de gauche et de commencer à se répartir les municipalités, tout en préparant les uns et les autres à accepter les conditions posées par les verlamans sur les cinq communes. Une fois tout cela mis en place, on pourrait, aux alentours de juin 2013, finaliser officiellement le fait que la gauche, dans son ensemble, allait ouvrir largement ses listes à des candidats de la diversité, et que, voulant montrer que cela dépassait le seul symbole, cinq grandes villes seraient dirigées par des candidats de culture arabo-verlamane.

On avait tout de même demandé à Langepau à qui il fallait tout préciser d’oublier de parler des concessions faites sur l’application de la « loi verlamiste », même si le mot n’avait jamais été prononcé au cours de l’entretien.

(…)