Dans la ficton « La faute du bobo Jocelyn », une jeune journaliste appelée Maryline Lafourré devenait ministre de la solidarité et de la lutte contre l’homophobie d’un gouvernement dont le président s’appelait Francis Laslande. Dans « Le Monde », une autre journaliste, Caroline Fourest, écrit des choses surprenantes sur la victoire de François Hollande, dans laquelle elle voit le triomphe de la gauche laïque et républicaine, puisque le candidat socialiste, en campagne, avait dit : « Sous ma présidence, il n’y aura aucune dérogation aux règles de laïcité ».
Celle qu’on présente dans les médias comme la grande spécialiste de la laïcité et de lutte contre tous les intégrismes gobe donc cette phrase, et ne se permet aucune recherche journalistique pour vérifier si dans les faits, les propos du candidat Hollande ont bien été conformes à l’action passée et présente de l’homme politique et de son parti.
Une vraie journaliste, plutôt que de nier grossièrement le soutien de Tariq Ramadan à François Hollande, se serait interrogée sur le sondage d’Opinion Ways, affirmant que 93 % des musulmans auraient voté pour l’adversaire de Nicolas Sarkozy.
Une vraie journaliste, plutôt que de s’extasier sur la victoire d’une gauche supposée être républicaine et laïque, se serait interrogée sur le nombre de drapeaux étrangers, place de la Bastille, et leur signification communautariste.
Une vraie journaliste se serait interrogée sur la personnalité de Martine Aubry, toujours première secrétaire du Parti socialiste, et sur ses nombreuses connivences locales avec Amar Lasfar et la Ligue Islamique du Nord.
Une vraie journaliste se serait interrogée sur Bertrand Delanoé et le financement de l’ICI, ou sur la célébration de la clôture du ramadan, mairie de Paris, qui nous paraissent constituer une légère entorse aux principes laïques, que François Hollande n’a jamais condamnée.
Une vraie journaliste se serait interrogée sur le guide pratique du PS sur la laïcité, écrit par Dounia Bouzar, et signé par Jean Glavany, qui constitue ni plus ni moins le mode d’emploi pour contourner la loi de 1905, au nom des accommodements raisonnables au service de l’islam.
Une vraie journaliste se serait interrogée sur le fait que le porte-parole de Hollande, Manuel Valls, est, comme l’était Nicolas Sarkozy, favorable au financement public des mosquées, mettant à bas l’article 2 de la loi de 1905.
Une vraie journaliste se serait interrogée sur le silence assourdissant de Hollande sur les prières musulmanes, et sur le scandale des abattoirs halal.
Une vraie journaliste se serait interrogée sur les messages de François Hollande à la communauté musulmane, lors de fêtes religieuses.
Une vraie journaliste se serait interrogée sur le refus du vote de la loi sur le voile intégral, par le député Hollande, et sur la contradiction de vouloir maintenir une loi qu’il a combattue.
Une vraie journaliste se serait interrogée sur la condamnation, sous la pression d’une manifestation de militantes voilées, par le candidat Hollande et le porte-parole du PS Benoit Hamon de la loi contre le voile des nounous, votée par le Sénat socialiste…
Caroline Fourest, en prenant pour argent comptant les propos de François Hollande, est soit d’une candeur consternante, soit d’un opportunisme sans limite, mais elle ne se comporte pas en vraie journaliste, pas davantage qu’elle ne l’avait fait sur un plateau de télévision où, la bave aux lèvres, elle avait entrepris d’agresser Marine Le Pen, contre laquelle elle venait d’écrire un livre totalement à charge, sans davantage respecter la déontologie journalistique.
Comble de la désinformation, elle ose écrire que la gauche Hollande aurait gagné la bataille contre la gauche obscurantiste, et que grâce au nouveau président, la digue laïque aurait tenu. Il faut un culot phénoménal pour ne pas voir que les soutiens de Hollande, comme le Parti socialiste de Martine Aubry, les Verts, Mélenchon, les communistes, le syndicat de la Magistrature ou les associations dites anti-racistes, incarnent une laïcité ouverte permettant de favoriser l’implantation de l’islam en France.
Caroline Fourest avait démontré son grand professionnalisme, sur les printemps arabes, en les comparant à la chute du Mur de Berlin ! Si elle est aussi lucide sur Hollande et sa laïcité, le pire est à craindre !
Dans les années 2005, celle qui n’avait pas encore la renommée qui est la sienne aujourd’hui, avait osé qualifier Jean-Louis Brochen, époux Aubry, d’avocat des islamistes. Elle avait parfaitement raison, même si, depuis, elle a cherché à atténuer la portée de ses propos passés, ce qui lui vaut des invitations du Parti socialiste. En accordant, contre tous les faits, à François Hollande un label de vrai laïque républicain, Caroline Fourest n’envoie-t-elle pas un acte de candidature au nouveau président de la République française, qui a promis par ailleurs un respect intégral de la parité hommes-femmes dans son prochain gouvernement ? Ne veut-elle pas donner raison, là encore, au scenario du Bobo Jocelyn ?
En nommant Fourest ministre, François Hollande enverrait, par ailleurs, un message fort aux 93 % de musulmans qui ont appelé à voter pour lui. Ils seraient tellement contents d’avoir comme ministre la laïque préférée de Tariq Ramadan, une femme qui a qualifié de « racistes » les résistants à l’islamisation de leur pays, une journaliste qui a raconté que Mahomet était féministe, et que le Coran pouvait être un livre de paix quand on savait bien le lire.
Seule ombre au tableau, celle qui a été épinglée pour racisme par d’autres enfants de la diversité et de la religion d’amour et de paix – contre qui elle a déposé plainte -peut-elle entrer dans un gouvernement dont le président a promis de retirer le mot “race” de la constitution ?
Paul Le Poulpe