Le moins qu’on puisse dire est que le nouveau président de la République bénéficie d’une grande compréhension des médias. Cela s’appelle-t-il l’état de grâce, dont n’a pas bénéficié, c’est le moins qu’on puisse dire, son prédécesseur. Personne ne le chatouille trop sur les premières libertés que prend le « président normal » avec ses propos de campagne. On se souvient des cris d’orfraie poussés par les socialistes, relayés par les médias, quand Nicolas Sarkozy, avait augmenté son salaire de 170 %. On s’étonne que l’arnaque qui consiste à faire baisser son salaire de 30 %, et donc à conserver 140 % de ce que s’était octroyé le président « bling bling », ne fasse l’objet de campagnes de presse acharnées, quand on se souvient du déchaînement médiatique qu’avaient provoqué les affaires du Fouquet’s et du yacht de Bolloré.
Qu’auraient dit ces mêmes journalistes si, imitant François Hollande le dimanche 6 mai, Nicolas Sarkozy avait rejoint Paris en Falcon, ce qui aurait dû frémir ses alliés écologistes ? A notre souvenir, François Mitterrand était arrivé à Paris en voiture, le 10 mai au soir. Qu’auraient dit nos vaillants Rouletabille de la presse française si l’ancien locataire de l’Elysée avait promis de ne nommer aucun ministre condamné judiciairement, et avait installé à Matignon un homme sanctionné par la justice quinze ans plus tôt, réhabilité automatiquement.
Qu’auraient dit ceux que Serge Halimi appelaient « les chiens de garde du système » si un premier gouvernement Sarkozy, qui baisse les émoluments des ministres de 30 %, comportaient près du double de ministres (36) que le premier gouvernement précédent (22).
Qu’auraient-ils dit si l’épouse d’un ministre continuait à officier sur une chaîne du service public, en questionnant des hommes politiques, comme Audrey Pulvar ? On a pourtant vu, hier soir, sur France 2, la compagne du ministre Montebourg interviewer Harlem Desir, du même parti que son compagnon, sans que cela n’ait l’air d’émouvoir la gauche morale. Qu’auraient-ils dit si la compagne officielle du président de la République, qui a commencé sa carrière comme journaliste politique chargée de suivre le PS, continuait à être salariée dans un grand hebdomadaire people ? N’y auraient-ils pas vu un conflit d’intérêt, contradictoire avec la charte signée par tous les ministres du gouvernement Hollande-Ayrault ?
Qu’auraient-ils dit si Nicolas Sarkozy s’était pris les pieds dans le tapis, comme Hollande l’a fait, lors de sa première visite à Angela Merkel ? N’aurions-nous pas vu en boucles les images ridiculisant le président de la République, souvent brocardée pour sa petite taille, alors que Hollande n’apparaît pas beaucoup plus grand !
A présent, les voilà qui font semblant de croire à la belle histoire de François Hollande séduisant Angela Merkel par son discours sur la croissance, et tapant le poing sur la table d’Obama pour affirmer que la France quittera l’Afghanistan en fin 2012, mais restera dans l’Otan, alors que les socialistes avaient poussé des grands cris quand Nicolas Sarkozy nous avaient fait réintégrer cet organisme ! Eric Zemmour fait partie des rares voix dissonantes, face à l’éternelle bobo Nicolas Domenach, dont il faut rappeler qu’avec son copain Maurice Szafran, de Marianne, il a osé l’infâmie de faire un livre sur un ensemble de confidences “off” de Nicolas Sarkozy, ce qui n’a guère ému l’ensemble de la profession !
[youtube TXf7WC6CjYI]
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=TXf7WC6CjYI#!
Le fait que plus de 80 % des journalistes soient catalogués à gauche a-t-il un rapport avec cet étonnant traitement de l’information ? Nous ne relaierons pas les rumeurs laissant entendre que le nouveau président de la République aurait promis des avantages fiscaux à l’ensemble de la profession, nous n’en avons pas les preuves.
Seul, en dehors de la presse internet, l’anti-clérical islamo-collabo « Le Canard Enchaîné » nous fait profiter de quelques coulisses savoureuses des premiers jours du gouvernement Hollande.
Quand le palmipède a bouclé son édition, ce mardi, le gouvernement n’était pas encore définitivement constitué. Mais on en apprend de belles, qui expliquent que sa composition, annoncée à 16 heures, n’a pu se faire qu’à 19 h 30.
On apprend ainsi que Martine Aubry a longtemps été en course pour un grand ministère culture éducation nationale, puis à Bercy, avant de renoncer, n’obtenant pas toute l’importance qu’elle estimait mériter. D’où un grand jeu de chaises musicales de dernière minute, dont furent victimes notamment Bertrand Delanoé et Jean-Michel Baylet.
On apprend également que les premiers grincements de dents commencent à s’opérer chez les premiers soutiens de Hollande, comme Rebsamem, qui couine qu’il se voit évincé, pour laisser la place aux Montebourg, Valls, Fabius, qui ont déversé des tonnes de saloperies contre le nouveau président de la République.
On a surtout la confirmation de la grande histoire d’amour qui unit tous les camarades socialistes. Ainsi, parlant de celui qui n’était alors que secrétaire du PS, Aubry parlait de « mou et flou », Montebourg de « Flanby », et Fabius de « Fraise des bois ».
Pas en reste, le nouveau président de la République expliquait, de son côté , parlant de Fabius, devenu numéro deux du gouvernement : « Le pire de tous, notre pire adversaire. Il ne pourra jamais être ministre des Affaires étrangères, car sa nomination passerait mal en Europe à cause de son « non » au référendum ».
Sur Martine Aubry, Hollande disait : « Une menteuse qui dit tout le temps du mal de tout le monde, et qui m’en a fait baver durant les primaires ».
Sur Arnaud Montebourg, avouons une grande lucidité du nouveau président : « Un paon qui fait la roue et s’admire. Il est narcissique, insupportable de prétention ». C’est peut-être ce qui a séduit Audrey…
Sur Vincent Peillon, qui a totalement loupé son effet d’annonce sur le retour de la semaine en cinq jours : « Il faut se méfier de lui, car il est sournois comme un serpent ».
De quoi donner raison à Julien Dray, méchamment éconduit par la première dame de France lors d’une cérémonie de victoire de son compagnon, qui disait qu’en politique, les adversaire d’hier étaient les alliés d’aujourd’hui, et les ennemis de demain.
Nous faisons confiance au nouveau président, et à Ayrault, après les législatives, pour faire plaisir à tout le monde, et nous concocter une nouvelle équipe de 50 ministres, pour ne fâcher personne, rattraper les oubliés du premier gouvernement Ayrault, respecter la parité, toutes les sensibilités de gauche, la diversité, les différents particularismes, tout en nous martelant qu’il demeurait un président normal, que le changement, c’était maintenant, et que l’équilibre des comptes faisait partie des priorités de François Hollande !
Paul Le Poulpe