Au lendemain de la finale 100 % bretonne Rennes-Guingamp, les commentaires allaient bon train dans les cafés de France et de Navarre. Ne mesurant pas la gravité de leurs propos, des amateurs de football ironisaient sur le nombre de joueurs de couleur alignés dans les deux équipes, n’hésitant pas à parler de « marée noire ». Ce qui, dans une Bretagne longtemps souillée par les naufrages des pétroliers, est d’un humour fort discutable… Mais, nostalgiques, ils se souvenaient de l’époque où les équipes bretonnes, Nantes, Rennes, Laval, Guingamp, Lorient, ressemblaient à leur population. Ils évoquaient avec nostalgie les Keruzoré, Gourvennec et les grandes années nantaises, symboles de cette époque aujourd’hui révolue.
Histoire de montrer aux supporters que s’ils n’avaient plus de joueurs, ni d’identité, mais ils avaient conservé une langue, on leur fit le coup de l’hymne breton… que manifestement peu connaissaient. Certains grincheux, sans doute influencés par les articles de Christine Tasin, se sont indignés qu’on ait pu faire chanter une chanson incompréhensible à la majorité des Français (Bretons compris), avant La Marseillaise. Ils y ont vu un nouveau pas vers la régionalisation et le bilinguisme, et une nouvelle attaque contre la République une et indivisible, fédérée par un seul hymne national et une seule langue.
Bro gozh ma zadou par OuestFranceFR
Cet exemple breton confirme que le football professionnel est devenu de plus en plus le symbole du multiculturalisme, de la perte des identités et du règne de l’argent roi. Bref, un monde comme les rêvent ceux qui veulent nous imposer leur modèle de société, basé sur la libre circulation des biens et des personnes, permis par le célèbre arrêté Bosman, en 1995. Les conséquences étaient inévitables. Disparition des cultures et des identités des clubs français. Ainsi, Guy Roux fera cet aveu, sur le plateau de Ruquier : “A Auxerre, le centre de formation, c’était 80 % d’Africains, 10 % de maghrébins et 10 % de Gaulois.”
Depuis 1998, les prétendus antiracistes ne font que parler de couleur de peau ! Ils étaient les premiers à nous vanter la France black-blanc-beur championne du monde.
Sous l’ère Domenech, les malheureux qui osaient s’étonner du nombre très faible de joueurs “de souche”, comme Alain Finkielkraut, se voyaient clouer immédiatement au pilori, accusés de racisme et d’ethnicisme, rien de moins. Pourtant, certains faisaient remarquer qu’on était passé, en vingt ans, de deux joueurs de couleur, sous l’ère Platini (les Antillais Janvion et Trésor) à deux joueurs blancs dans l’équipe type de Domenech (Barthez et Ribery, sachant que ce dernier nous faisait en outre ses prières musulmanes avant de jouer).
Les adeptes du multiculturalisme nous expliquaient que c’était cela, la France de demain, et que c’était une chance. Dès qu’un joueur prénommé Karim ou Mamadou marquait un but, la France était sommée par Askolovitch et Plenel de dire merci à sa diversité.
Pourtant, étonnamment, ces mêmes adeptes de la disparition programmée des footballeurs « de souche » ne protestent pas devant une spécificité parisienne.
En effet, la meilleure équipe du championnat de France de Division 1, le Paris Saint-Germain, financé par le Qatar, n’aligne pratiquement que des Blancs ! De quoi faire aimer cette équipe par Finkielkraut !
Des preuves ? Composition de l’équipe type du PSG : Sirigu-Van de Wiel-Thiago Silva-Alex-Maxwell-Verratti-Thiago Motta-Matuidi-Lavezzi-Ibrahimovic-Cavani.
Soit 3 Italiens, 3 Brésiliens, 1 Suédois, 1 Argentin, 1 Uruguayen, 1 Hollandais et 1 Français. Certes, cela fait très citoyen du monde, mais…
Il n’y a qu’un seul joueur de couleur, dans cette équipe type, l’exemplaire Blaise Matuidi, par ailleurs le seul Français ! Et les autres hexagonaux qui entrent en jeu de temps en temps, Jallet, Rabiot, Cabaye, Digne et Menez sont tous des “de souche”.
Les Qataris, outre le fait d’être des esclavagistes, seraient-ils donc d’incurables racistes, surtout que, ultimes provocations, l’entraîneur s’appelle Laurent Blanc, et le directeur sportif s’appelle Jean-Claude Blanc.
Il n’empêche que les résultats sont là. Lyon a été champion de France sept fois de suite, et le profil des joueurs de Jean-Michel Aulas, s’apparentait davantage à celui du PSG 2014 qu’à celui de Rennes, de Guingamp ou de nombre d’équipes de première division française. Conclusion : en France, les équipes multiculturelles et métissées, cela ne marche pas !
Plus grave, regardons la situation des grandes équipes européennes.
Dans le dernier carré de la Coupe d’Europe, il restait quatre équipes : le Bayern de Munich, le Real de Madrid, l’Atletico de Madrid et Chelsea.
Parlons d’abord des moyens financiers. Guingamp a le plus petit budget de division 1, avec 22 millions d’euros. Rennes se situe en milieu de classement, avec 44 millions d’euros. A des années lumière du PSG et de ses 400 millions d’euros. Mais aussi bien loin du Real de Madrid, 515 millions d’euros, du Bayern de Munich, 400 millions d’euros, de Chelsea, où on ne compte plus les milliards investis par le milliardaire russe Abrahamovich, ou de l’Atletico de Madrid, avec ses 192 millions d’euros.
Il suffit de regarder la photo de ces quatre équipes, et de les comparer avec Guingamp ou Rennes.
Plusieurs conclusions s’imposent. Certes, tous ces grands clubs n’ont pas la culture identitaire du Football Club de Barcelone. Mais la majorité des grandes écuries du Vieux-Continent, contrairement à nombre d’équipes françaises, s’appuient sur des joueurs de culture homogène, européenne ou d’Amérique du Sud, et très peu sur des joueurs issus du continent africain.
Et cela marche…
Paul Le Poulpe