Burma a servi de propagande contre Betty Monde

Vu qu’il ne se passe rien et en attendant le traditionnel festival des bagnoles cramées du 31, gracieusement offert par la compagnie de spectacle vivant wesh-wesh et cousins, j’ai décidé à l’occasion du décès de Guy Marchand de me faire une rétrospective Burma.

Parmi tous ces rôles c’est celui qui lui a donné le plus de célébrité, de reconnaissance populaire.

La série en question a duré de 1991 à 2003 et au début l’auteur Léo Malet était encore de ce monde.

Pour bien préciser les choses, si dans sa jeunesse il fut anarchiste, il a largement dérivé plus tard pour finir sur les rivages de Betty Monde. Il avait apprécié l’interprétation par Marchand de son héros, mais pas du tout la série en elle-même.

Il faut avouer qu’il n’avait pas tort ! Surtout quand on voit certains épisodes comme celui qui va me servir d’exemple.

Donc je me la suis fadée, refadée pour être précis l’ayant regardée à l’époque, mais n’ayant plus de souvenance…

Ben, on dit toujours qu’il vaut mieux éviter de retourner sur des lieux qu’on a visités il y a des décennies, parce ce qu’on a un souvenir mythifié et bien avec Burma il y a confirmation.

En effet, c’est une désastre total techniquement et artistiquement, tu de demandes qui sont les tacherons à la française qui ont réalisé cette daube.

Je suis d’accord c’est typique de la télé française, des images d’une laideur incommensurable, on se demande s’il y avait le budget pour un éclairagiste, la bande son c’est du jazz qui n’est même digne d’un ascenseur, les dialogues se veulent parfois humoristiquement subtils, mais ils tombent à plat complètement, comme la blague de tonton bourré à la fin du repas d’anniversaire.

Quant à la réalisation, on sent que ceux qui officiaient participaient à un concours de lenteur, ou alors ils étaient spécialistes films animaliers avec des pandas.

Si t’es amateur, des cadrages et des plans qui n’en finissent plus, avec le gars qui qui monte les escaliers ou qui va à sa bagnole t’as le temps d’apprécier, les coups de poing t’as le temps de les voir arriver, le film d’inaction c’est incontestablement le style français !

Il n’y a aucun rythme, dans le feuilleton qui me sert d’illustration, vous allez voir pourquoi, ils se sont essayés à la poursuite de bagnoles, sérieusement il ne fallait pas, c’était pas Bullit avec la Mustang V8, quand tu sais pas faire, vaut mieux éviter…

Vous allez me dire Sergio Leone et ses western dits « spaghettis », il y a avait une succession de plans fixes qui duraient une plombe, sauf qu’ils permettaient de faire monter l’intensité dramatique jusqu’à l’apothéose de la scène finale; là nous sommes en présence d’une lenteur monotone qui n’aboutit à rien, c’est le néant qui se précède, c’est à croire qu’ils étaient payés au mètre de péloche …

Dans cette calamité, les acteurs Pierre Tornade, Guy Marchand arrivent à sauver ce qui peut l’être, c’est sans doute ce qui a permis à la série de durer.

Mais il n’y avait pas que la nullité technique et là je m’en suis rendu compte en visionnant la série, nous avions droit à une bonne dose de propagande politique bien-pensante, en particulier dans cet épisode qui déroule à Bruxelles; vous allez le lien ci-dessous, tant qu’il est en ligne sur YouTube.

 

Je vous fais le topo rapide : Burma est convoqué à Bruxelles par un banquier qui veut éloigner sa fille de son amant impécunieux qui a perdu 6 millions de francs dans un cercle de jeux tenu par Jean, un Arménien, détail important vous verrez.

Dès le départ t’es mis en situation, tu comprends où tu vas, la finesse n’est pas au rendez-vous, il est pris en charge par un chauffeur de taxi turc, là intervient la fameuse course poursuite, ils sont pourchassés, le Turc est braqué mais Burma intervient et le sort de son mauvais pas.

L’ottoman, lui explique que ce sont des racistes, des nazis, vous la voyez l’embrouille et que lui étant redevable éternellement il peut tout lui demander, il est comme un frère désormais, voilà. La diversité, l’apport de l’autre qui t’enrichit, on est en plein dedans !

Arrive le bouquet final et on n’est pas déçu, en effet Burma démantèle, avec l’aide de la communauté turque et du tenancier arménien, un réseau de factieux néo-nazis qui voulaient renverser le régime et sauver l’Occident. Attention, il précise que la lutte continue, car la bête sommeille ! C’est un combat permanent !

À ce moment, c’est sans doute la scène d’anthologie, l’instant sublime ! Burma demande au Turc, « Tu le connaissais Jean ? » et l’autre de répondre « Turcs, Arméniens, nous sommes tous frères ! »…

À la réflexion je suis peut-être injuste, c’était un sommet du film comique surréaliste !

 

Paul Le Poulpe

7 Commentaires

  1. Les différentes actrices qui jouent Hélène sont super mignonnes, non ? Et la commissaire qui remplace Faroux/Tornade, elle présente bien aussi !

    Ça change des greluches frisottées qui envahissent de plus en plus nos écrans, non ?

  2. Je me lève, je me fais un café, je lis ce papier et j’arrose de café l’écran de l’ordi ! Je me suis étranglé de rire en lisant ça ! Bravo, et qui c’est qui va nettoyer, hein ?
    🙂 !!!

  3. “c’est une désastre total techniquement et artistiquement”
    Ben oui, comme tous les films et séries français, on s’emmerde dès le générique.
    Cela dit, les boches ne sont pas en reste et sont champions ex-æquo avec les “Derrick” ou “Tatort” qui servent de somnifères dans les Ehpad.

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