Mélenchon, succès populaire, bide d’un discours de 15 minutes

C’est une spécialité des organisateurs de manifestations que de gonfler grossièrement les chiffres des manifestants. Front de gauche ne déroge pas à la tradition, revendiquant 120.000 personnes place de la Bastille, quand les vrais chiffres sont de 30.000 personnes maximum, comme le confirme Bruno Roger-Petit sur i-télé. A part cela, c’est une réussite populaire qu’il serait mesquin de contester.

Mélenchon a commencé par parler des peuples européens, et réclamer leur libération de la dictature de la finance européenne. Première imposture, c’est Mélenchon et les siens qui nous ont imposé Maastricht, et celui qui était alors sénateur de l’Essonne, en 1992, nous vantait ce traité, et traitait déjà d’extrême droite ceux qui voulaient voter non.

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http://www.youtube.com/watch?v=hpmcnWmd028

Deuxième imposture, Mélenchon ne réclame pas la sortie de l’union européenne, et donc ne se donne pas les moyens de ses beaux discours. Sinon, qu’a-t-il dit, en un petit quart d’heure, de marquant ? Passons sur ses références historiques, la prise de la Bastille, la Commune, et sur ses digressions philosophiques sur la liberté, l’égalité et la fraternité, soyons dans le concret.

Sur l’Algérie, pour le 50e anniversaire de la signature des accords d’Evian, il nous a dit que la guerre était finie. Il n’a pas osé rappeler que s’il était élu, son premier geste politique serait d’aller en Algérie. Il n’a pas davantage rappelé qu’il regrettait que Charles Martel ait battu les arabes à Poitiers, comme il l’avait dit chez Finkielkraut. Il dit qu’il faut qu’on s’aime, mais il n’a pas un mot contre les supporters de football algériens qui sifflent la Marseillaise, brûlent le drapeau français à Toulouse, et crient « Nique la France » sur l’ensemble du territoire. Finalement, le bouffeur de curés Mélenchon est très chrétien dans la culture de la repentance.

Il nous propose une 6e République, avec une nébuleuse constituante, en s’abritant derrière le Parlement. Il nous parle de référendum (il a été très discret lors de l’affaire du référendum grec), mais on ne sait pas, avec sa constituante, si on aura encore le droit de voter pour notre président de la République.

Il nous parle beaucoup de libertés. Celle des homosexuels à se marier, à adopter des enfants, celle des internautes contre Hadopi, celle de la justice, celle du droit du sol intégral, celle du devoir écologique, celle du droit à l’IVG (que personne ne conteste). Fort bien, mais quelle crédibilité accorder à un homme dont les militants interdisent à Nicolas Dupont-Aignan de manifester, à Marine Le Pen d’exister, et à Riposte Laïque d’exposer ses livres ?

Il nous dit qu’il va en finir avec le concordat d’Alsace-Moselle, au nom de la laïcité, fort bien, mais pas un mot sur l’hégémonie de l’islam à Mayotte, ni sur l’offensive de l’islam.

Il nous parle du partage économique (où il avance parfois des choses justes), du devoir d’insurrection, du printemps des peuples, et du cri du peuple. Fort bien, mais au bout d’un quart d’heure, tout est fini, il rate complètement sa sortie, les gens sont frustrés, ils voulaient entendre des critiques virulentes contre Sarkozy, Hollande et Le Pen. Et rien !

Voilà comment celui que Marine Le Pen appelait « la voiture balai » de François Hollande a raté son dimanche, quand ses supporters avaient répondu présents. Les médias sarkozystes, qui paraissent ravis de la remontée de Mélenchon, sont avec lui d’une indulgence étonnante. La baudruche Hollande va se dégonfler, et Mélenchon y jouera un rôle non négligeable.

Vengeance de l’affront que Hollande lui a fait subir, en 1997, en ne lui accordant que 8 % des voix socialistes, quand il avait promis de lui en donner 15 ?

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Paul Le Poulpe